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Compte-rendu/L'automatisme psychologique de Pierre Janet

 

 

Pierre Janet : L'automatisme psychologique.

Notes de lecture

 

Première partie : Chapitre 2 L'oubli et les diverses existences successives

Aller à l'épisode précédent : Introduction et chapitre 1

Chapitre 2

L'oubli et les diverses existences psychologiques successives

Janet présente les cas de mémoires alternantes. Dans le cas d'une de ses patientes à l'état de veille : A, le sujet ne se souvient pas de ses états B et C. Dans l'état B il se souvient de A et de B. Enfin dans l'état C il se souvient de A, B et C.
Le trait pertinent pour déterminer si un sujet est en état de somnambulisme, quand on ignore les modifications singulières entraînées chez lui par cet état, est le phénomène d'oubli de tout ce qui s'est passé au réveil.
Trois lois de la mémoire sont alors constatées :
-oubli complet pendant l'état de veille de ce qui s'est passé
-les évènements oubliés sont accessibles au sujet quand il retombe en somnambulisme
-souvenir de ce qui s'est passé pendant la veille en état de somnambulisme
Janet fait un parallèle entre cette récupération sous état hypnotique et la récupération d'événements vécus sous l'emprise de l'alcool par un sujet dès lors qu'il se réalcoolise.
J''introduis ici une remarque, elles seront signalées au lecteur par l'utilisation de l'italique. L'observation de Janet n'est ni plus ni moins que l'hypothèse d'effets de contexte physiologique sur l'organisme dans la mémorisation que retrouve A. Baddeley dans son expérience sur la récupération d'une liste de mots appris sous l'eau par des plongeurs et à rappeler soit sur la terre ferme soit sous l'eau.
De là, Janet en vient à supposer que dans les suggestions post-hypnotique l'oubli n'est qu'apparent. Il subsiste à l'état de veille une forme de souvenir qui permet leur exécution. " Tantôt consciente, tantôt ignorée par le sujet, tantôt elle envahit l'esprit comme une impulsion " P.93
Le sujet à l'état de veille qui l'accomplit en oublie ensuite l'exécution. L'état de somnambulisme est à distinguer de la suggestion, cette dernière semblant plus proche d'un état hypnoïde léger.Tiré brusquement d'un état hypnotique le sujet est dans un état de conscience identique à celui d'un sujet arrêté par la sonnerie du réveil ; le souvenir du rêve s'estompe rapidement.


L'oubli somnambulique s'expliquerait par la modalité sensorielle et son codage en mémoire (les termes de codage, de récupération ne sont pas utilisés par Janet, c'est moi qui synthétise à partir de concepts apparus ultérieurement. Voir l'avertissement au début de ces notes. Ces reformulations ne seront plus signalées à l'avenir). Les sensations et leur mémorisation sont véhiculées par un sens privilégié, kinesthésique, visuel, auditif.
Le somnambulisme solliciterait une autre modalité sensorielle que celle habituellement utilisée par le sujet à l'état de veille. Ainsi une des patientes hystériques de Janet : Rose, anesthésique du côté droit (hémianesthésie) recouvre la sensibilité en somnambulisme et la perd lorsqu'elle quitte cet état. Mais quand à l'état de veille, stimulée avec un courant électrique au niveau de sa main, elle retrouve sa sensibilité et se souvient du même coup de ce qui s'est passé : " C'était un sou que vous m'aviez mis dans la main " (il s'agit de la main anesthésique). p.111.
Janet conclut : lorsqu'un " sens ou même une sensibilité spéciale a disparu, les images et par conséquent les souvenirs des phénomènes qui ont été autrefois fournis par ce sens ont disparu également ".
Il y aurait donc différents types de sujets selon la modalité sensorielle prédominant (Janet se considère lui même comme un moteur). Les modifications de personnalité leur alternance résulteraient du passage d'une modalité sensorielle dominante à une autre. Les hystériques ne se maintiendraient dans un état d'intégrité sensorielle qu'au " moyen d'excitations sensorielles renouvelées ".
Chez Nieztsche on trouve l'idée que c'est le propre des "natures épuisées" que d'avoir besoin d'excitants, mais je ne me souviens plus du titre de l'ouvrage.
Il y a un problème dans cette explication de Janet comment se fait-il qu'en changeant de " type " le sujet en somnambulisme conserve les souvenirs de l'état de veille qui sont pourtant sous la dépendance d'un autre sens ? Il est vrai qu'avec les patientes hystériques de Janet on va du moins au plus quand on passe à l'état somnambulique, mais pour des sujets tout-venant ?

Concernant les sujets hystériques Janet parle de " tare ", " d'existence très inférieure ". Son arsenal thérapeutique comporte : l'aimant, le courant électrique, les plaques métalliques. Il se pose la question du caractère supérieur ou inférieur de l'état somnambulique : " Est-ce une décadence ou un progrès ? ". J'y vois là une tendance lourde du 19éme et du début du 20éme consistant sans cesse à chercher du supérieur et de l'inférieur, celle-là même qui a nourri les entreprises coloniales. Toutefois cela cache une idée et une démarche plus originale qu'il n'y paraît, elle dépasse cette tendance de beaucoup, c'est que j'ai pensé en lisant la totalité de l'ouvrage.
Janet ajoute :" L'éducation du somnambule par celui qui l'endort est le plus grand danger ".

Suite : La suggestion et le rétrécissement de la conscience

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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